Incendies en Amazonie, la vision de Solinnen
Les incendies en Amazonie ont été l’un des sujets les plus traités par les médias cet été 2019. Solinnen se devait de réagir sur cet évènement, même quelques mois après cet engouement médiatique, afin de ne pas oublier ce drame écologique. À travers cet article, nous souhaitons regrouper les principales informations sur le sujet et rappeler les conséquences environnementales et sanitaires.
État des lieux
L’Amazonie constitue à elle seule la plus grande forêt tropicale au monde, le repère de la plus importante biodiversité spécifique et le poumon de notre planète. Elle constitue un réservoir vital de carbone permettant de ralentir le rythme du réchauffement climatique. Elle abrite un million d’indigènes, pas loin de trois millions d’espèces de plantes et d’animaux et produit 20 % de l’oxygène de l’atmosphère de notre planète.
La forêt Amazonienne, représentant environ la taille de l’Australie, se réduit considérablement d’année en année. Depuis les années 1970, environ 20 % de la forêt ont été déforestés, ce qui représente 777 204 km2 (ou la surface de la France). Selon , une augmentation de 84% des feux de forêts a été détecté depuis le début de cette année au Brésil par rapport à l’année 2018, dont des augmentations importantes sur certains États : Mato Grosso (260 %), Rondônia (198 %), Pará (188 %), Acre (176 %) et Rio de Janeiro (173 %). Les effets du changement climatique (ex : El Niño), ont apporté de plus beaucoup de sécheresse et ont favorisé les incendies naturels et les débordements des incendies volontaires.
Cause des incendies
Les principales causes de ces incendies sont une combinaison de plusieurs facteurs : les mises à feu, légales ou non, volontaires ou non, qui ont été aggravées par la sécheresse, la déforestation et le changement climatique.
Au Brésil, les paysans utilisent des défrichements par brûlis pour transformer des aires forestières en zones de culture et d’élevage (production de soja et l’élevage de bœufs), ils les utilisent également pour nettoyer des zones déjà déforestées. Ces méthodes ont toujours été utilisées, cependant d’après WWF France et Greenpeace, .
Le changement climatique est aujourd’hui une préoccupation mondiale et nous en voyons les effets tous les jours même en France. Nous avons ici l’exemple d’un cercle vicieux qui s’est mis en place : le changement climatique aggrave les sécheresses, qui favorisent les départs de feu, qui contribuent à la déforestation, qui renforcent le changement climatique, etc. Mais il ne faut pas oublier que le changement climatique n’est pas la faute uniquement du Brésil ! Autrement dit, nous sommes tous responsables de ce qui se passe en Amazonie.
Conséquences des incendies
Les conséquences de ces incendies sont nombreuses et ne sont pas toujours évidentes au premier abord. De nombreux articles signalent les conséquences de ces incendies repris par nos principaux médias (Le Parisien, Le Monde, LCI …) et les sites spécifiques (zero-déforestation, actu-environnement, wikipedia…). Solinnen réalise dans cet article une synthèse permettant notamment de montrer les effets indirects, pas toujours mentionnés.
- Augmentation des incendies :
-
- Pénétration plus grande du soleil dans la forêt liée à la perte des feuilles, entraînant une plus grande inflammabilité de la végétation.
- Plus la terre est sèche, plus il y a du vent et plus les feux sont incontrôlables.
- Moins il y aura d’arbres, plus les températures au niveau du sol augmenteront, et plus les feux de forêt seront destructeurs.
- Impacts locaux sur la forêt et la biodiversité :
-
- Plusieurs communautés et (un quart des espèces mondiales sont présentes en Amazonie, source : OTCA).
- Invasion par d’autres espèces typiques de zones plus sèches, comme celles du Cerrado (la savane brésilienne).
- Mort des plus grands arbres jusqu’à deux ans après l’incendie.
- Remise à l’état initial, avec une densité de végétation identique, après plusieurs décennies seulement s’il n’y a pas de nouveaux incendies. L’écosystème créé autour d’un seul arbre pendant des milliers d’années (forêt primaire ou ancienne) ne peut être reproduit par un simple reboisement (forêt secondaire).
- Impacts locaux sur la santé humaine :
-
- Les fumées au-dessus des villes amazoniennes ont de graves conséquences sur la santé, provoquent de sérieux problèmes respiratoires.
- Impacts globaux :
-
- Augmentation du changement climatique par le dégagement de dioxyde de carbone et la destruction de la fonction de stockage du carbone. L’incendie de 100 hectares de forêt primaire équivaut aux émissions annuelles d’une petite ville comme Palaiseau ou Orsay (au minimum 15 000 tonnes de carbone rejetées), ici nous parlons de plusieurs centaines d’hectares voire des milliers (source : Le Parisien). Pour rappel un français émet en moyenne 11,9 tonnes d’équivalent CO2 par an.
- Savanisation de l’Amazonie qui risque de perdre, entre autres, ses fonctions de régulation des pluies. Les effets se font déjà sentir au sud du Brésil, en Argentine, au Paraguay.
- Tout cela se traduit en dommages économiques.
Les images de l’Amazonie ont suscité l’indignation internationale. L’hashtag #PrayforAmazonia est rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux. De nombreux pays ont menacé de boycotter les produits brésiliens et pousser les grands patrons de l’industrie agroalimentaire à faire pression sur le gouvernement pour cesser la déforestation. Nous devons agir avant que l’Amazonie ne soit plus capable d’assurer toutes les fonctions vitales pour notre planète, et ceci à travers des actions contre la déforestation de l’Amazonie, mais également contre le changement climatique qui est cette fois la responsabilité de tous.
Point de vue de Solinnen
Aucun bilan environnemental n’a été réalisé sur cette catastrophe, ce qui est généralement le cas sur les principales catastrophes écologiques d’origine humaine ou naturelle.
Lorsque l’on fait une empreinte carbone ou une analyse du cycle de vie d’un produit, on cherche à prendre en compte les impacts environnementaux de l’ensemble des activités humaines qui contribuent à la fonction du produit, selon une approche cycle de vie. Cependant, la norme ISO 14044 indique que ces activités doivent être modélisées en fonctionnement normal (les incidents et accidents ne doivent pas être pris en compte). Étant donné l’ampleur des conséquences de ces incendies, on peut donc se demander si leurs impacts sont bien capturés par les bilans environnementaux qui sont réalisés actuellement.
Concernant l’Amazonie, les méthodes de défrichement par brûlis étant légales, sont-elles prises en compte dans nos bases de données sur l’élevage des bœufs et la production de soja ? Doit-on prendre en compte uniquement les incidents causés par l’homme ou également ceux causés par la nature, comment faire la différence ? Qui fera la différence ?
De plus en plus de catastrophes naturelles auront lieu, notamment causés par le dérèglement climatique actuel et futur. Ce dérèglement étant causé par l’homme, pourquoi ne serait-il pas pris en compte dans nos évaluations environnementales ? Il est important que les pratiques d’évaluation environnementales continuent d’évoluer pour mieux prendre en compte la réalité des impacts sur la nature des activités humaines, afin de nous aider au mieux à les réduire.
Solinnen est prêt à travailler sur ces sujets plus en détail pour toute organisation qui souhaiterait approfondir sa connaissance sur ces sujets R&D et méthodologie ACV.