Comprendre les principales limites de la méthode d’Analyse du Cycle de vie
Les conclusions d’une ACV ne sont pas généralisables à d’autres objectifs que ceux de cette ACV, même si c’est souvent tentant
Par exemple, la majorité des ACV s’intéressent à un produit ou à un service dans un contexte géographique et temporel précis. Transposer les conclusions d’une ACV à un autre contexte géographique ou temporel n’est pas possible sans s’assurer que les hypothèses sont toujours valides. Les conclusions d’une ACV sur un produit utilisé en Chine ne sont pas nécessairement valables s’il est utilisé en France.
L’ACV suppose que les impacts environnementaux sont proportionnels à l’unité fonctionnelle, en utilisant une modélisation linéaire
La modélisation linéaire ne permet pas de prendre en considération les effets de seuils et les contraintes.
Par exemple, supposons qu’une ACV comparative de plusieurs solutions constructives conclue que les impacts environnementaux d’une maison individuelle en bois sont plus faibles que ceux d’une maison individuelle en brique.
Avant de recommander de construire toutes les maisons individuelles de France en bois, il faut s’intéresser aux contraintes. Ici, il faudrait s’assurer que le gisement disponible de bois durable est suffisant pour pouvoir répondre à la demande supplémentaire qui serait causée par ce changement.
Garbage in, garbage out!
Les résultats d’une ACV dépendent de la qualité des données utilisées. Pour obtenir des conclusions fiables, il est essentiel de collecter des données représentatives, précises et complètes.
L’évaluation de la qualité des données est cruciale pour interpréter les résultats et déterminer si les conclusions sont fiables. Cette étape n’est pas toujours réalisée, et, quand c’est le cas, elle ne suit pas toujours les meilleures pratiques. C’est pourtant un élément essentiel d’une bonne ACV.
L’ACV évalue des impacts environnementaux potentiels moyennés
C’est un des atouts de cette méthode, car cela permet d’avoir une vision complète des impacts environnementaux qui résultent d’un produit ou d’un service. Pour autant, cela demande d’agréger des impacts environnementaux qui ont lieu dans des zones géographiques différentes et à des dates différentes, en considérant la plupart du temps qu’elles ont toutes la même importance. Ainsi, on considère qu’il est tout aussi important de préserver la santé des habitants qui vivent actuellement aux abords d’une usine de production du produit importé, que la santé des habitants qui vivront près de l’installation de traitement des déchets dans plusieurs décennies.
C’est un choix éthique sous-jacent de la méthode, dont il est important d’avoir conscience. L’ACV ne remplace pas d’autres méthodes d’étude d’impact environnemental local, les différentes approches se complètent les unes avec les autres pour apporter une vision plus complète aux décideurs.
Les méthodes de caractérisation d’impact sont en constante évolution
Notre connaissance des mécanismes environnementaux évolue avec le temps, et de nombreuses équipes de recherche dans le monde travaillent sur de nouvelles méthodes de caractérisation. Il est possible que les conclusions d’une étude changent en mettant à jour les méthodes de caractérisation par des plus récentes, en n’apportant aucun changement à la modélisation ! Et cela peut remettre en cause l’intérêt environnemental de certaines solutions.
Les conclusions d’une ACV sont donc à considérer comme fiables, jusqu’à preuve du contraire ! Pour autant, est-ce que cela signifie qu’il faudrait limiter l’analyse aux quelques méthodes de caractérisation qui sont les plus fiables, en mettant sous le tapis toutes les autres catégories d’impact que le produit ou service est susceptible d’affecter ?
Chez Solinnen, nous pensons qu’il est important d’utiliser l’état de l’art des connaissances actuelles en évaluation environnementale, tout en gardant à l’esprit que nous travaillons dans un champ d’étude mouvant, et que les conclusions pourront changer dans le futur.
L’ACV est multicritère
L’ACV est multicritère, fournissant des résultats sur un grand nombre d’indicateurs différents.
Nos clients nous demandent souvent : « Quelle est la meilleure solution pour l’environnement ? ».
Et notre réponse est toujours la même : « il n’y a pas de réponse objective à cette question ». Une prise de décision multicritère implique nécessairement des choix de valeurs subjectifs, en accordant plus ou moins d’importance à un critère par rapport à un autre.
Une pratique courante en ACV est de normer les impacts par rapport à une référence (les impacts annuels d’un Européen moyen, par exemple), puis de calculer un score unique en faisant une moyenne pondérée, transformant des résultats multicritères en une note unique (en utilisant un jeu de facteur de pondération développé par une entité comme la Commission européenne).
Cette approche a le mérite d’être facile à mettre en œuvre et reproductible, mais elle a plusieurs inconvénients. D’une part, elle masque la subjectivité de la prise de décision multicritère ; d’autre part, elle masque les incertitudes des résultats qui peuvent être différents d’une catégorie d’impact à l’autre.
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